Ces jeunes, pour une réinsertion économique, comptent sur l’appui des pouvoirs publics. Dès lors, ils pourront apporter leur contribution à ces deux secteurs qu’ils considèrent comme des leviers importants de la croissance économique du pays.
Ce qu’ils attendent de l’Etat:
C’est un appui dans le financement et la formation, dans l’espoir que les pouvoirs publics soient imités par les élus locaux et les organisations internationales. Parmi eux , un jeune qui explique: « Il y a beaucoup de migrants de retour dans la région de Kolda. Ces jeunes ont des projets susceptibles de relever les défis du développement, il faut juste des politiques adéquates pour les accompagner », estime Méta Baldé, le président de l’association des migrants de retour de Kolda, en marge de la célébration de la Journée mondiale du migrant dans la capitale du Fouladou.
« Nous sommes prêts à travailler dans l’agriculture pour notre autosuffisance alimentaire, mais nous avons besoin de financements et de matériels agricoles pour répondre aux besoins de nos populations », a-t-il expliqué.
Originaire de la commune de Kandia, dans le département de Vélingara, Souleymane Baldé, l’un de ces jeunes migrants de retour au bercail a tenté à deux reprises de rejoindre les Îles Canaries en passant par le Maroc et l’Italie.
Depuis son retour de la Libye, grâce à l’assistance de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Souleymane, marié et père de trois enfants, a décidé de lancer un projet d’élevage dans son village natal de Bantanto. Martèle t-il en ces propos:
« Je suis dans l’élevage de vaches et de moutons. Je veux que le gouvernement m’accompagne dans la formation, car l’élevage moderne exige une certaine connaissance, notamment dans l’assistance médicale du bétail mais également un accompagnement financier pour faire face à certaines difficultés du secteur ».
A un autre homme d’ajouter: « Nous n’avons plus envie d’y retourner. Nous voulons des financements dans l’agriculture et sortir de cette situation de précarité. Si l’Etat met les moyens, on peut bel et bien produire ce que nous consommons » lance Boubacar Seydi, un jeune qui vit à Kolda.
Ils demandent aux élus locaux de leur faciliter l’accès à la terre pour leur permettre de contribuer au développement de leurs terroirs.
« Les maires doivent nous libérer les terres car même si tu veux cultiver, l’accès au foncier est difficile », regrette M. Seydi.
En réponse aux préoccupations sur l’accès au foncier soulevés par les jeunes migrant de retour, Diarga Sané, le maire de la commune de Pacou, dans le département Vélingara, a demandé aux intéressés d’entreprendre les bonnes démarches à travers des demandes en bonne et due forme adressées aux collectivités territoriales.
« Il n’y a pas problème, peut-être ignoraient-ils les démarches à suivre. Les terres sont du domaine de l’État et seules les collectivités ont la prérogative de les libérer. Donc, il faut juste faire une demande en respectant les procédures », a-t-il-assuré.
Selon de nombreux acteurs, dans de nombreux secteurs, le financement des migrants de retour est confronté à un problème structurel.
A Fatou Baldé, coordinatrice générale du groupement féminin des femmes de Vélingara, d’observer: « Nous constatons que tous les partenaires qui viennent pour accompagner les migrants de retour, leur donnent de l’argent. Je crois que c’est un problème, car si vous donnez uniquement de l’argent à un jeune, il risque de l’utiliser à d’autres fins ».
Pour elle, « en plus des financements, il faut doter » les jeunes migrants de retour de tracteurs et d’autres matériels agricoles. Diarga Sané pense que les partenaires doivent faire une bonne évaluation des nombreux projets qu’ils soumettent aux jeunes migrants de retour dans la région de Kolda.
« Les partenaires formalisent les jeunes jusqu’au dernier moment et après, il n’y aucune suite. Je crois que cette donne doit changer. Ils doivent former ces jeunes, les accompagner dans le financement et même après le financement pour faire une bonne évaluation des projets réalisés », a-t-il-estimé.
Certes, l’Etat du Sénégal a selon les acteurs mis en place plusieurs initiatives d’accompagnement des migrants de retour ainsi que des politiques pour maintenir les jeunes dans les terroirs.
Cependant, l’impact de ces politiques tarde à se faire ressentir. Aussi les jeunes migrants de retour demandent-ils une diligence dans les procédures et leur implication dans l’exécution et la gestion des fonds qui leur sont alloués par l’Etat du Sénégal et les autres bailleurs. Le seul défis de ces jeunes migrants, c’est de répondre aux besoins alimentaires des sénégalais à travers des projets agricoles.
Awa Ciss