Alors qu’il a enclenché les démarches administratives pour obtenir la nationalité française et jouer avec l’Équipe de France, Joel Embiid réalise sa meilleure saison sous le maillot des Philadelphia 76ers. S’il n’a jamais joué avec le Cameroun, son pays d’origine, il possède des attaches en France.

L’équipe de France se rapproche pour Joel Embiid. Selon nos informations, le pivot de 28 ans, qui évolue chez les 76ers de Philadelphie en NBA, a enclenché des démarches administratives pour obtenir la nationalité française et pouvoir jouer avec les Bleus. Avec son gabarit impressionnant (2,13m, 127 kg), le natif de Yaoundé serait évidemment un renfort de choix pour Vincent Collet, le sélectionneur des vice-champions olympiques de Tokyo. Alors qu’il n’a jamais joué avec l’équipe nationale du Cameroun, il peut prétendre à rejoindre les Bleus, la Fédération internationale de basket autorisant un seul joueur naturalisé par sélection.

candidat au titre de MVP

Joueur phare de Philadelphie depuis sa draft en 3e position en 2014, Joel Embiid est monté en puissance ses dernières saisons, après avoir réalisé deux années blanches pour cause de blessure. Le numéro 21 des 76ers a franchi un cap cette saison, en devenant le meilleur marqueur sur la saison régulière (30,6 points de moyenne). Il s’agit du premier joueur non-Américain à gagner cette récompense et le premier pivot depuis la légende Shaquille O’Neal en 1999-2000. Avec cette performance, il fait logiquement partie des finalistes pour le titre de meilleur joueur de la saison (MVP), en compagnie de Giannis Antetokounmpo (champion NBA en 2021 et MVP des finales) et Nikola Jokic (MVP en titre).

Considéré comme l’un des meilleurs pivots au monde, capable d’exceller sous le panier comme sur les tirs à trois points, Joel Embiid possède des attaches avec la France puisqu’il parle couramment français et possède de la famille dans l’Hexagone. Il suit également de près les performances de certains footballeurs français, à l’instar de Karim Benzema et Kylian Mbappé. Toutefois, Embiid avait laissé entendre en 2018 que son choix se portait à l’époque plus sur le Cameroun.

« Je n’ai jamais dit que j’allais jouer pour la France, juste que c’était une possibilité. On ne sait jamais. Je n’ai jamais pensé à jouer au niveau international jusque-là parce que je dois être en bonne santé d’abord. Je viens du Cameroun mais il y a beaucoup de problèmes. Il faut qu’ils arrangent tout ça. J’aime mon pays, je suis patriote. Je veux jouer pour mon pays. Si j’ai un choix à faire, ce sera le Cameroun en premier, s’il y a un bon cadre, parce que c’est de là que je viens. […] Donc, il y a mon pays, il y a la France, il y a les Etats-Unis aussi. Je veux seulement être dans un bon encadrement », expliquait le pivot des 76ers.

Pour autant, il n’a jamais caché son amour pour la France, comme il le développait dans une interview à L’Équipe. « J’ai beaucoup de famille en France. Des oncles, des tantes… J’y suis allé étant petit pour passer deux mois de vacances. Je n’ai pas eu l’opportunité d’y retourner depuis que je suis en NBA, mais à partir du moment où je suis en bonne santé et que pendant l’été je n’ai rien à faire ici à Philadelphie, j’aimerais voyager. La France, c’est vraiment ma destination, je veux y passer un bon bout de temps. J’aime la nourriture française, Roland-Garros ! Je veux aller à Roland-Garros, si on n’est pas en finale NBA. Je veux voir le Tour de France. Je veux vraiment y assister dans la voiture du directeur de course, pour une épreuve de montagne. Et puis j’ai toujours été fan de la France en général. Le fait de parler français, la famille là-bas, mon père et ma mère sont en France peut-être trois fois par an et voulaient acheter une maison ou un appartement là-bas. »

Un avis mitigé en 2018

Si le quintuple All-Star, qui a de la famille en France, obtient sa naturalisation, il pourra donc jouer avec Nicolas Batum, Rudy Gobert et Evan Fournier, même si ce dernier, à l’instar de Tony Parker, s’était opposé à ce type de sélection il y a quatre ans. « Dans les fédérations, on travaille dur pour faire travailler les jeunes et je trouve que ça manque un peu d’authenticité quand tu fais des trucs comme ça. Je ne suis pas très fan de voir la Slovénie ou la Croatie avec des Américains. En équipe nationale, il faudrait jouer avec les joueurs du pays, qui ont grandi là-bas », assurait « TP » à L’Equipe.

De son côté, Fournier avait envoyé un message fort à l’époque. « Parce qu’il faut arrêter de dire n’importe quoi. Ce n’est pas contre Joel que je dis ça, c’est un très bon joueur. Bien sûr qu’il nous ferait du bien en équipe de France. Mais ce n’est pas le débat. T’es pas français, t’es pas là, c’est tout. S’il jouait pour le Cameroun, ce serait magnifique pour son pays. En termes de valeurs, ce serait beaucoup plus fort qu’il représente le Cameroun que la France. Je pense qu’il fait un mauvais calcul », estimait l’arrière des Knicks de New-York dans les colonnes du Parisien.

Les exemples de Bria Hartley et Gabby Williams

À l’époque manager général de la Fédération française de basket, Patrick Beesley avait lui déclaré que la venue du natif de Yaoundé en équipe de France était possible. Il y avait déjà eu des prises de contact, deux ans auparavant. Actuellement blessé pour une durée indéterminée (fracture de l’orbite de l’oeil droit et d’une commotion), Embiid suit à distance les résultats de Philadelphie, qui vient de perdre le match 1 des demi-finales de la conférence Est la nuit dernière à Miami (106-92). Si la démarche venait à aboutir, Joel Embiid serait un élément de choix pour Vincent Collet si ce dernier venait à le sélectionner.

Alors que les Bleus doivent disputer la Coupe du monde 2023 et surtout les Jeux olympiques 2024 à Paris, le pivot pourrait renforcer un effectif qui ne manque pas de talents. Questionné sur le sujet, Evan Fournier a préféré botter en touche… pour l’instant. « Laissez-moi tranquille avec vos mentions sur tous les tweets équipe de France. J’ai une semaine de vacances dans l’année, on se parle en rentrant. » L’équipe de France a déjà eu recours au système de naturalisation chez les filles, ce qui a notamment permis à Bria Hartley, puis à Gabby Williams, toutes les deux nées aux États-Unis, d’intégrer la formation dirigée par Jean-Aimé Toupane.

Analie Simon rmcsport