Plus d’une vingtaine d’organisations de la société civile sénégalaise se sont données rendez-vous ce dimanche 15 décembre 2024 au Centre Amadou Malick Gaye de Bopp pour une randonnée pédestre symbolique, dans le cadre d’une initiative du Collectif Visas pour Tous. Cette action, qui a emprunté l’itinéraire Centre Bopp – Rond-point Liberté 5 (aller-retour), visait à poursuivre le plaidoyer pour une facilitation de l’obtention des visas de voyage. Les participants ont dénoncé les longues files d’attente dans les ambassades, le durcissement des conditions d’obtention des visas et ont revendiqué la réciprocité dans les pratiques de délivrance.

Les associations membres de la CONGAD, du REMIDEV, de la CNTS et d’autres organisations de la société civile sénégalaise ont exprimé leur mécontentement face aux obstacles croissants auxquels sont confrontés les citoyens des pays du Sud, notamment les Sénégalais, pour franchir les frontières internationales. Selon elles, l’obtention facile des visas est une clé essentielle pour lutter contre l’émigration irrégulière et permettre une circulation plus fluide des citoyens.

Betty Faye Lokho, juriste et membre d’une organisation de la société civile, a souligné dans sa déclaration : « Franchir les frontières est devenu un exercice de plus en plus difficile pour les citoyens des pays du Sud, en raison des politiques et pratiques de délivrance de visas, souvent appliquées sur leur propre territoire par les pays occidentaux. »

Pour les organisateurs, cette marche est particulièrement importante dans le contexte actuel où le Sénégal a récemment changé de régime politique. Ils souhaitent alerter les autorités sur les enjeux liés à l’obtention des visas et leur impact sur les citoyens sénégalais.

Amath Sarr, Président de l’Association Académie Banlieue Culture et membre du Collectif Visas pour Tous, a ajouté : « Ceux qui ont réduit nos aïeux en esclavage et colonisé nos grands-parents ne peuvent pas transformer notre continent en une prison à ciel ouvert, en nous interdisant de nous déplacer. Même nos malades, nos intellectuels, nos chercheurs et nos artistes peinent à obtenir des visas. Nous réaffirmons notre volonté de voir ces procédures révisées afin de faciliter la libre circulation, promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples et renforcer la coopération internationale. »

Les participants ont formulé des demandes spécifiques aux pays qui imposent des visas aux Sénégalais : la création de plateformes numériques modernes pour des prises de rendez-vous rapides et accessibles, la suppression des coûts prohibitifs associés aux demandes de visa, la restitution des frais en cas de refus, et le renforcement des capacités consulaires pour réduire les délais de traitement. Ils ont également insisté sur la mise en place du visa électronique (e-visa).

Enfin, les organisations de la société civile ont appelé les nouvelles autorités sénégalaises à exiger l’humanisation des procédures consulaires appliquées aux citoyens sénégalais. Elles demandent également plus de transparence dans les critères d’attribution des visas et l’instauration de la réciprocité dans l’octroi de visas entre le Sénégal et les pays qui imposent des visas à leurs citoyens.

Pour ces organisations, la volonté politique des pays africains, et en particulier du Sénégal, sera essentielle pour réussir à faire évoluer ces pratiques et garantir une circulation libre et équitable des citoyens.