Des organisations panafricaines du Sénégal, en collaboration avec la diaspora bissau-guinéenne, ont organisé une marche pacifique samedi dernier à Dakar pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « confiscation de la volonté populaire » en Guinée-Bissau, à la suite de l’élection présidentielle du 23 novembre.

La marche, qui a emprunté l’itinéraire Casino du BRT – Rond-point du Jet d’Eau, a réuni plusieurs manifestants brandissant des pancartes et portant des foulards sur lesquels on pouvait lire des slogans tels que « À bas la dictature ».

Prenant la parole au nom des organisateurs, Fodé Séné, porte-parole du jour, a indiqué que le scrutin présidentiel s’est déroulé dans un climat de forte mobilisation populaire. « Le peuple bissau-guinéen est sorti massivement pour exercer son droit de vote et exprimer clairement sa volonté de changement », a-t-il déclaré. Selon lui, la majorité des électeurs a porté son choix sur Fernando Diaz, candidat soutenu par la coalition du PSGC et le parti de Kumbayala.

Les intervenants soutiennent que l’ensemble du processus électoral s’est déroulé de manière claire et transparente, depuis l’ouverture des bureaux de vote jusqu’à la phase de compilation des résultats. Toutefois, ils dénoncent « une interruption brutale du processus à l’étape cruciale de la proclamation des résultats ».

Selon eux, « des éléments présentés comme des militaires auraient pris le contrôle de la situation, avec la complicité du président sortant, Umarou Sissoko Mballo, empêchant ainsi l’officialisation des résultats issus des urnes ». D’un ton ferme, Fodé Séné a parlé d’un « coup de force déguisé » et a rejeté toute légitimité à l’actuel pouvoir en place.

Les organisateurs ont par ailleurs lancé un appel à la communauté internationale, notamment à la CEDEAO et à l’Union africaine, afin qu’elles assument pleinement leurs responsabilités face à la crise politique en Guinée-Bissau. Ils exigent également le respect du verdict des urnes et la proclamation de résultats conformes à la volonté populaire.

« La Guinée-Bissau ne doit pas devenir un précédent dangereux pour la démocratie en Afrique de l’Ouest », ont-ils martelé, appelant les institutions régionales à exiger le retrait immédiat des autorités qu’ils jugent illégitimes.

Les manifestants ont enfin insisté sur la dimension panafricaine de leur combat, estimant que la situation en Guinée-Bissau dépasse les frontières nationales. « C’est un combat africain pour la démocratie, la souveraineté des peuples et la fin des ingérences », ont-ils déclaré, appelant à une Afrique plus autonome et respectueuse du choix de ses citoyens.

Oumar CORREA