Le lobbying diplomatique a-t-il eu raison du Sénégal ?
Au vu de la liste des six membres, le lobbying diplomatique a prévalu. Senghor a été sacrifié sur l’autel du compromis et du lobbying diplomatique. Les dirigeants de haut rang dans le monde le savent, le sport, le football en particulier est un puissant instrument d’influence et un facteur de libération et d’épanouissement des peuples. À ce propos, le désengagement du gouvernement sénégalais de la prise en charge des compétitions africaines interclubs est de très mauvais augure même dans un contexte de restriction budgétaire.
Devant la porte du lieu le plus sacré du foot, le président Senghor a trébuché, mais les dés étaient pipés. La veille de l’élection, certains observateurs avertis détenaient déjà, la liste des membres qui seraient élus. À ce niveau, le CV glorieux ne suffit pas. Les places sont chères, elles se jouent dans les arcanes diplomatiques. Les choses se négocient en hauts lieux comme ce fut le cas en 2021 à l’occasion du choix du successeur du Malgache Ahmad Ahamad. À l’époque, c’est grâce à d’intenses concertations menées par les autorités sénégalaises et marocaines et avec l’aval du comité d’urgence de la fédération sénégalaise de football que la décision avait été prise d’accepter le protocole de Rabat, un accord diligenté par la FIFA. Augustin Senghor renonça à sa candidature au poste de président de la caf, au profit de Patrice Motsepe, qui rempila ce 12 mars 2025 à la tête du football africain, Senghor redevient un simple membre de la caf. L’avocat manque l’occasion d’accéder à la FIFA après le départ de Fatma Samoura. Avant de quitter ses fonctions à la fin de l’année 2023, la sénégalaise a dirigé avec brio, le secrétariat général de la FIFA. Première femme à occuper ce poste hautement stratégique, elle a joué un rôle important dans la restauration de la crédibilité de la FIFA, après les années Sepp Blatter.
Évanescence du leadership sénégalais à l’international.
La défaite de Senghor est un revers de plus pour la représentation du Sénégal sur la scène internationale après l’échec en juillet 2024, du Dr Ibrahima Socé Fall, candidat malheureux à l’élection du directeur régional de l’organisation mondiale de la santé pour l’Afrique. La présidence de la banque africaine de développement est le prochain poste à pourvoir par un Sénégalais. Amadou Hott est candidat à la succession du Nigérian Akinwumi Adesina. L’ancien ministre sénégalais de l’économie fait face à la sérieuse concurrence du mauritanien Sidi Ould TAh soutenu par Alassane Ouattara président de la Côte d’Ivoire. Sidi Ould Tah adoubé également par la tanzanienne Frannie Leautier, ancienne vice-présidente de l’institution panafricaine. Ces soutiens de poids donnent le Mauritanien largement favori mais Amadou Hott bénéfice d’une riche expérience multilatérale. S’il est élu président de banque africaine de développement, il sera avec Mactar DIOP, directeur général de la société financière internationale du groupe de la banque mondiale, les deux Sénégalais à diriger des institutions financières de développement de cette envergure. L’élection du président de la BAD aura lieu le 29 mai 2025, en Côte d’Ivoire, pays où 64 ans derrière, le Sénégalais Cheikh Fall fut nommé premier président directeur général de la défunte compagnie Air Afrique, le 25 juin 1961, grâce à l’appui de Félix Houphouët-Boigny et un peu de Léopold Sédar Senghor…
De ces années post-indépendance à nos jours, le leadership sénégalais s’est fortement déprécié, le rayonnement du pays sur la scène internationale avec. Après avoir réussi à préserver la stabilité politique, l’heure a peut-être sonné de redorer le blason du pavillon national à l’international. Le Sénégal va accueillir en 2026 les jeux olympiques de la jeunesse, un événement mondial, une belle occasion pour le pays de briller avec Mamadou Diagna Ndiaye, 5ème Sénégalais à faire partie du comité exécutif du comité international olympique après ses illustres prédécesseurs : Amadou Bary (1965-1969), Keba Mbaye (1973-2002), Youssoupha Ndiaye (2002-2008), et Lamine Diack (1999-2013).
CHERIF DIOP
Journaliste











