La cherté de la vie frappe presque toutes les couches sociales. En tout cas, les mendiants, eux aussi, n’y échappent pas. Ils ont vu leur gain quotidien chuter. A Sicap Mbao, près du foirail, Abdoul Mouhamed 67 ans, fait la manche. Habillé en pantalon noir et chemise déchirée, il mendie depuis plus de 30 ans. Je n’ai pas le choix. Je ne travaille pas. Je suis obligé de mendier pour que je puisse me nourrir et mevetine, estime-t-il, entouré d’enfants également des mendiants. Mais cette année, Abdoul Mouhamed a senti la crise mondiale. Quotidiennement, il ne gagne plus ce qu’il pouvait empocher dans la rue, il y a quelques an nées. «Avant, je gagnais beau coup d’argent, plus de 12.000 francs Cfa par jour sans compter les vivres qu’on me donnait Mais actuellement, je n’arrive « plus à avoir même 2000 francs Cfa par jour, explique le vieil homme, vêtu d’un boubou Mont on arrive difficilement à reconnaitre la couleur blanche, tellement qu’il est sale. Hassane, 07 ans, est aussi mendiant. Tôt le matin, poussé par son marabout, il arpente les rues à la quête de pi tance. Je dors peu la nuit. A l’aube, sans même prendre mon petit déjeuner, je suis déjà de hors pour quémander l’argent. Je pouvais collecter plus de 2000 francs Cfa par jour. Mais à présent, je gagne parfois 300 à 400 francs CFA», explique l’enfant, précisant qu’il lui arrive de manger parfois n’importe quelle nourriture étant sous ses yeux. Hassane aurait envie d’être à l’école française, à l’image d’autres enfants de son âge. «Je suis habitué à la routine, mais j’ai envie d’aller à l’école pour pouvoir bénéficier d’une vie normale», lance-t-il, le visage triste, les yeux hagards. Juste à côté des vendeurs de fruits, monsieur Ba, un mendiant souffrant d’un handicap, raconte son calvaire: «La cherté de la vie a gâché notre business. Si avant, les gens nous donnaient beaucoup d’argent, au minimum 4000 francs Cfa par jour, et d’autres biens, actuellement, il est même difficile d’avoir de quoi se payer un dîner», affirme Ba, handicapé visuel qui passe la nuit à la belle étoile depuis plus de 10 ans. Qui pourtant, ajoute: «Je n’aime pas tendre la main. Quand j’étais plus jeune, on me disait toujours que j’étais orgueilleux. Mais la situation dans laquelle je suis, m’oblige à mendier parce que je ne vois personne qui puisse m’aider. Je suis issu d’une famille pauvre». «Je suis obligée de voler pour nourrir mes enfants» Oumou Aziz, 49 ans, traîne avec ses enfants jumeaux. Elle souffre aussi des difficultés quotidiennes de la vie. «Nous faisons la mendicité ici,,& foirail, munis de gobelets dans lesquels certains bienfaiteurs jettent des pièces. Notre objectif, moi et mes enfants, c’est d’avoir au moins de quoi acheter deux repas par jour. Entre 2014 et 2020, je pouvais avoir plus de 6000 francs CFA par jour. Chaque mois, j’envoyais au moins 30.000 francs CFA à ma famille restée au Niger. Mais actuellement, je n’ai même pas de quoi manger. Parfois, je rentre avec seulement 600 francs récoltés pendant toute la journée, confie-t-elle. Tout d’un coup, les pleurs d’un bébé de six mois tenu par sa grande sœur, Bintou, se font entendre. Il s’agit du bébé de Maimouna Ag, 41 ans, qui nous explique son quotidien. Chaque matin, je prends ma douche dans une toilette publique. Je lave mes enfants, après je donne des indications à ma fille Bintou pour quémander», dit Maimouna Ag confiant que le décès de son mari a changé le cours à vie. Il m’a laissé six enfants sous les bras. Difficile de les nourrir surtout avec la cherté de la vie. Parfois, je suis obligée de voler pour nourrir mes enfants », raconte cette maman étant presque au bord des larmes. Pas loin d’elle, Mamadou Diarra et ses amis mendiants discutent. Il indique vivre aux alentours du foirail de Sicap Mbao depuis plus de 10 ans. «Je vis ici à cause de mes enfants. Ma femme est décédée. Avant, dès que nous sortions, moi et ma famille, les gens nous manifestaient leur générosité. On rentrait souvent avec 10.000 francs CFA par jour. Mais maintenant, les temps sont durs. Hier (mercredi, Ndir) soir seulement, je n’ai pas pris mon dîner et depuis ce matin, je n’ai rien mangé. Depuis deux jours, J’ai juste 2000 francs par devers moi», souligne-t-il, assis, le visage fermé. Son ami Moustapha Ndiaye, 62 ans, assis sur une natte, lance: «Avant je confiais mes tenues sales aux femmes mendiantes pour les laver contre un peu d’argent, Mais maintenant, je les lave moi même pour économiser de l’argent. Parfois, je passe toute la journée sans beaucoup gagner. Le pire dans tout ça, on se fait souvent arracher nos sacs contenant tous nos repas».
Aminata TOURÉ (Stagiaire)