Dans le cadre de la célébration de ses 70 ans d’existence, les Grands Moulins de Dakar⁰ (GMD) ont organisé, ce mercredi, une projection de documentaire « La Tête Levée ». L’objectif de cette projection de « La Tête Levée » est de sensibiliser le public et de rappeler que chaque individu mérite d’être traité avec dignité et respect, quelles que soient ses origines ou son apparence.

Réalisé par Me Osni Mahati, avocat au Barreau de Paris et défenseur des droits humains, “La Tête Levée” plonge au cœur de la crise sociale qui a secoué la Tunisie en 2023, lorsque le Président Kaïes Saied a attribué l’arrivée des migrants subsahariens à un complot visant à affaiblir l’identité arabo-islamique du pays. Cette déclaration a rapidement entraîné une vague de violences et de discriminations contre les migrants, les poussant à quitter leur logement et à perdre leurs emplois.

À travers ce court-métrage, le réalisateur donne une voix à ceux qu’on entend rarement : les migrants, les militants, les universitaires et les politiques, qui témoignent des effets dévastateurs de ces discours sur la société tunisienne. “La Tête Levée” ne se contente pas de dénoncer l’injustice et l’exploitation, il met aussi en lumière l’espoir et la résilience de ces hommes et femmes, souvent réduits au silence par la brutalité du racisme.

Pape Abdoulaye Djigal, directeur des ressources humaines et de la communication des Grands Moulins de Dakar, réaffirmé l’engagement de l’entreprise en faveur de la diversité et de l’inclusion. Selon lui, cet engagement est essentiel non seulement pour le bien-être des employés, mais aussi pour renforcer les liens sociaux et culturels. « La diversité, c’est ce qui fait notre richesse. C’est cette diversité qui nous permet de travailler ensemble, de respecter nos différences et de bâtir un avenir commun. »

Il renchérit que la projection du film était un moyen de montrer aux migrants qu’ils étaient “aimés et respectés”, tant en Tunisie qu’à Dakar. Pour lui, le message est clair : “Il est important de croire en soi, de respecter les autres et de ne jamais céder à la haine ou aux idées racistes.”

Le réalisateur Me Osni Mahati a expliqué l’origine du film, qui découle de son travail sur des questions de discrimination et de racisme. Il a raconté que la situation en Tunisie, en 2023, l’a profondément marqué, notamment en raison de ses liens personnels avec le pays. « Ce film est une manière pour moi de partager l’histoire de ceux qui ont été marginalisés et invisibilisés. Je voulais donner une voix à des personnes que l’on oublie trop souvent, celles qui n’ont ni nom, ni histoire dans les médias. »

Le titre du film, « La Tête Levée » vient d’une rencontre entre son fils et le footballeur Lilian Thuram, qui lui a conseillé de toujours regarder la vie “la tête levée”, malgré les obstacles. « C’est un message de fierté et de dignité, un appel à rester debout et à lutter contre les injustices », a déclaré Me Mahati.

Depuis sa première diffusion, le film a été projeté dans plusieurs pays, dont la France, les États-Unis et la Tunisie, où il a suscité une forte émotion. « Les retours ont été très positifs. Beaucoup de personnes m’ont remercié de leur avoir montré des réalités qu’elles ne connaissaient pas ou qu’elles ne voulaient pas voir », a confié Me Mahati. Le film a également reçu des distinctions, notamment la mention spéciale du jury au Festival international « Mon Premier Film » à Paris, un prix attribué par des personnalités du cinéma arabe et tunisien.