À seulement 23 ans, Bousso Madiop Fall Dia incarne la nouvelle génération d’artistes africains à l’identité multiple. Née de racines sénégalo-espagnoles et résidant en France, cette jeune étudiante construit une œuvre singulière sous le pseudonyme @jus.t.lik.e.tha.t, où la maîtrise du crayon graphite rencontre une sensibilité transculturelle.

Son apprentissage artistique commence à 9 ans par de simples « doodles », mais c’est pendant le confinement de 2020 que sa passion se transforme en véritable vocation.

« Quand je dessine, le temps s’arrête, je ne réfléchis plus », confie-t-elle, décrivant cet état méditatif qui caractérise sa pratique. Loin de toute ambition commerciale, elle puise dans le dessin une forme de déconnexion et d’expression personnelle.Son choix du graphite relève d’abord d’une démarche d’apprentissage technique, mais devient rapidement un langage artistique à part entière. « Tout se joue entre la lumière et l’obscurité.

Ces deux éléments remplacent toutes les couleurs », explique Bousso, fascinée par la capacité du noir et blanc à créer des émotions intenses sans recours à la couleur.Son œuvre explore trois directions principales : les mangas, héritage de sa passion pour la culture japonaise, les portraits, où elle capture l’intensité des regards et des émotions et les paysages, inspirés par la beauté de la natureParmi ses créations les plus significatives, « Rayon d’aube » illustre sa maîtrise des contrastes lumière-obscurité, tandis que « Regard d’émotion » témoigne de sa capacité à capturer la profondeur psychologique de ses sujets.Héritière d’une triple culture, Bousso aspire à exposer un jour au Sénégal : « Ce serait un honneur de partager mon univers avec mon public d’origine ». Elle constate avec bonheur l’engouement croissant des jeunes Sénégalais pour les mangas et l’art, voyant dans cette convergence une occasion unique de dialogue culturel.Refusant toute démarche commerciale agressive, elle privilégie le partage et les commandes personnalisées, souvent réalisées bénévolement. « Je dessine avant tout par passion », insiste-t-elle, même si certains bénéficiaires de ses œuvres choisissent spontanément de la récompenser.Avec ses racines sénégalo-espagnoles et sa formation française, Bousso Fall Dia représente une nouvelle génération d’artistes africains résolument contemporains, capable de fusionner influences globales et sensibilités locales, ouvrant ainsi de nouvelles voies dans l’expression artistique du XXIe siècle.

Najib SAGNA