cher Professeur Joomay Ndongo Faye,
J’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt votre réflexion sur « Les maladies de l’État sénégalais ». J’ai été frappé par la profondeur de votre analyse et la clarté avec laquelle vous mettez en lumière les causes structurelles de nos difficultés.
Pour mieux m’approprier vos idées et aussi les partager autour de moi, j’ai pris l’initiative d’en faire une petite synthèse. J’y ai ajouté, très humblement, quelques impressions personnelles et un avis critique, qui ne visent pas à contester vos propositions mais simplement à prolonger la réflexion que vous avez ouverte. Il me semble que les acteurs publics dont les militants politiques devaient investir ce champ pour adresser les débats de société.
C’est avec beaucoup de respect que je vous soumets ma réflexion, en espérant qu’elle puisse trouver écho dans le débat constructif que vous avez initié.
Les deux grandes faiblesses de l’État sénégalais :
D’après vous, Joomay Ndongo Faye, notre État souffre de deux maladies handicapantes :
1. Une souveraineté incomplète : le Sénégal a le droit de choisir ses politiques, mais pas toujours les moyens de les appliquer sans l’aval des grandes puissances ou des institutions internationales. C’est ce qu’il appelle une « souveraineté négative ».
2. Un appareil d’État hérité du colonialisme : préfets, sous-préfets, gouverneurs… autant de niveaux administratifs coûteux, inefficaces et surtout déconnectés des citoyens. Résultat : un État lourd, centralisé, mal aimé et mal approprié par la population.
Conséquences
Cette situation entretient :
• une dépendance extérieure pour la monnaie, la dette ou la diplomatie ;
• une faible confiance des citoyens envers l’administration ;
• un sentiment d’exclusion, notamment chez la jeunesse et la diaspora ;
• un système administratif qui freine au lieu d’accompagner le développement.
Les pistes de solutions proposées
• À court terme : réorganiser l’État en supprimant les échelons coloniaux, rapprocher le pouvoir des citoyens (en partant du village/quartier), réduire les pouvoirs du Président, et graver ces changements dans la Constitution.
• À long terme : travailler à une union fédérale africaine, pour bâtir une souveraineté véritablement positive.
• La méthode : mettre en place une grande Commission présidentielle de refondation, indépendante, capable de proposer un plan de transformation sur plusieurs décennies.
Toutefois, je ne peux manquer après lecture et analyse de mon compatriote que je félicite et encourage dans son rôle, de formuler un avis critique pour l’intérêt du débat d’idées que nous devons tous promouvoir pour le bien du pays et pour l’assainissement des mœurs politiques.
Mon avis critique ;
Ce diagnostic a le mérite d’aller au fond des choses : il ne s’arrête pas aux symptômes comme la corruption, mais s’attaque aux causes structurelles. La critique du poids colonial dans notre administration est très pertinente. Mais certaines appréciations me semblent excessives. Dire que le Sénégal est « non viable » tout seul est discutable : d’autres petits pays africains réussissent mieux grâce à une gouvernance rigoureuse. L’union africaine est une belle idée, mais elle reste un horizon lointain. Les propositions, comme réhabiliter le village comme cellule de base ou réduire les pouvoirs présidentiels, sont audacieuses et adaptées au contexte culturel sénégalais. Mais leur mise en œuvre se heurtera à de fortes résistances, notamment de la part des élites politiques.
👉 En somme : le texte de mon compatriote est visionnaire, panafricaniste, parfois idéaliste. Il pousse à réfléchir sur l’avenir de l’État sénégalais. La vraie difficulté sera de concilier cette ambition de refondation avec des réformes concrètes, réalistes et applicables dès maintenant.
En toute humilité,
Abdoulaye VILANE, Président du Conseil départemental de Kaffrine
Secrétaire National du PS,
Porte-parole











