Le Sénégal, porté par une vague historique de colère et un profond désir de changement, avait placé ses espoirs en un tandem prometteur : Ousmane Sonko et Diomaye Faye. Ils avaient juré la rupture, la refondation, et brandi la souveraineté comme un étendard. Pourtant, à peine installés au sommet de l’État, la déception guette. Le tandem s’est rapidement mué en une lutte d’ego, une véritable guerre froide pour le leadership, laissant le peuple sénégalais médusé face à ce spectacle indigne.

Une rivalité stérile au détriment de la nation

Plutôt que de se consacrer aux priorités urgentes du pays, nos dirigeants semblent s’enliser dans une rivalité qui évoque davantage une querelle de cour de récréation qu’une gouvernance responsable. Le pays étouffe, les attentes sociales s’enflamment, mais Sonko et Diomaye se disputent l’ombre et la lumière, l’autorité et la légitimité. Ils apparaissent comme deux héritiers d’un trône conquis de haute lutte, mais malheureusement privés de feuille de route commune.

Sonko : Le Premier ministre en campagne

Ousmane Sonko, qui se présentait comme le « messie des temps modernes », semble aujourd’hui prisonnier de ses certitudes et otage de sa propre image. Il gouverne sans véritable titre, mais avec une assurance intacte, préférant parler plutôt qu’écouter, et divisant plus qu’il ne rassemble. Son activisme brouille l’action gouvernementale et fragilise l’autorité présidentielle. Il agit, selon les mots de Meleye Seck, comme un « Premier ministre en campagne, non un homme d’État. »

Diomaye Faye : Un Président paralysé par la fonction

De l’autre côté, Diomaye Faye, « Président par effraction », paraît paralysé par la fonction. Il peine à imposer sa voix, à trancher, et à incarner pleinement le pouvoir. Son autorité est même contestée au sein de son propre camp. Ce système bicéphale atteint l’absurdité : un État où le président s’excuse pendant que le Premier ministre menace ; où la diplomatie s’improvise, la justice se manipule, et l’économie est négligée.

Le laboratoire des désillusions

Ce régime, né dans l’élan d’un renouveau tant espéré, est en train de devenir le laboratoire des désillusions. Aucune réforme d’envergure n’a été lancée, aucune rupture n’a été assumée, et aucune vision claire ne se dessine. À la place, le peuple assiste à des règlements de comptes, des discours revanchards et un populisme de façade. Le clanisme a supplanté les idées, et la communication a étouffé l’action.

En somme, ce n’est pas un gouvernement de refondation que nous avons devant nous, mais un duo en pleine décomposition.
L’auteur conclut avec force : « Plus tôt le peuple en prendra conscience, mieux il pourra se préparer à ouvrir une nouvelle séquence politique : une vraie, cette fois. Car le Sénégal n’a pas renversé un régime pour en instaurer deux. »