La commune de Yène est une fois de plus au cœur d’une polémique foncière. Après le lotissement controversé de Kossi Niangal, c’est désormais le lac Todd, site ornithologique majeur et zone tampon contre les inondations, qui est menacé par un projet de lotissement. Une décision qui suscite l’indignation des écologistes et des habitants.
Classé zone écologique sensible, le lac Todd est une halte cruciale pour les oiseaux migrateurs et joue un rôle clé dans l’absorption des eaux de pluie, limitant les inondations récurrentes dans la région. Pourtant, des engins de chantier ont déjà commencé à détruire les plantes semi-aquatiques, fragilisant cet écosystème unique.
« Comment le ministère de l’Environnement a-t-il pu autoriser un tel projet ? », s’insurge Amadou Ahmet Ndir, président du mouvement Sénégal, mieux et autrement (Sema). « Ce site a été protégé sous Wade pour son importance écologique. Aujourd’hui, on le sacrifie pour des promesses électorales », dénonce-t-il.
Selon des sources locales, ce projet serait une manœuvre du maire de Yène pour contenter la jeunesse de Todd, à qui il aurait promis des logements… sans disposer des terrains nécessaires. Une opération qui intervient après sa défaite dans ce quartier aux dernières législatives.
Le lotissement, situé en plein cœur du lac, derrière la grande mosquée de Yène Todd, violerait les règles d’urbanisme. « Lotir une zone inondable et non aedificandi, c’est mettre en danger la population », s’alarme un habitant. « Au lieu de protéger les bassins naturels, on les bétonne ! »
Face à ce qui s’apparente à un scandale environnemental et administratif, les voix s’élèvent pour exiger l’intervention des ministères de l’Urbanisme et de l’Environnement.
« Il faut suspendre immédiatement les travaux, auditer ce projet et sanctionner les responsables », insiste Amadou A. Ndir. « Yène mérite une gestion transparente et durable, pas des décisions précipitées qui hypothèquent son avenir. »
Avec une superficie de 13 hectares, le lac Todd est pourtant reconnu mondialement pour sa richesse ornithologique. La question reste en suspens : « comment le ministre de l’Environnement peut-il rester silencieux face à ce qui ressemble à un véritable massacre écologique ? »
Najib SAGNA











