La Zakat ou l’Aumône légale est le troisième pilier de l’Islam. C’est une aumône obligatoire que tout musulman, ayant une valeur du Nis-sab pendant une année, doit verser. Elle vise à aider les plus démunis de la société et à purifier ses richesses. Ainsi, la Zakat encourage la générosité et la charité et constitue à la fois un acte de piété et une purification de ses biens. A ne pas confondre avec Zakat al fitr, que le musulman doit donner de la fin du mois de Ramadan et l’aumône surérogatoire que la personne est libre de donner selon ses désirs. Seydina Oumar Touré, Imam et membre du comité scientifique du CIFOD, insiste sur la nécessité de reconnaître l’importance de la zakat et appelle à sa mise en institution.
« La ZAKAT, qui constitue le troisième pilier de l’islam, est mentionnée 28 fois dans le saint Coran. Cependant, au Sénégal, cette obligation religieuse est peu connue et ce n’est probablement pas la responsabilité des musulmans sénégalais. Le manque de sensibilisation et d’éducation empêche les musulmans de s’acquitter de leur ZAKAT, engendrant des conséquences désastreuses. Par exemple, les mendiants dans les rues parviennent à collecter 5 milliards par an, alors que les musulmans sénégalais auraient dû verser 320 milliards de ZAKAT. Malheureusement, il n’existe pas d’institution dédiée à cela et les rares organisations présentes manquent de ressources suffisantes pour gérer cette redistribution des richesses, qui est essentielle à la solidarité sociale. Bien qu’il y ait de nombreuses organisations islamiques au Sénégal, elles dépendent souvent de la ZAKAT venant de l’étranger, alors que les musulmans sénégalais pourraient prendre en main le processus de collecte et de distribution aux catégories de personnes éligibles », a t’il déclaré.
Sur la mise en institution de la Zakat, il poursuit. « L’institutionnalisation de la zakat n’est pas encore réalisée au Sénégal, où seules deux entités collectent cette forme de don de manière volontaire et privée : le khalif général des mourides, qui a émis une fatwa en 2021, et l’Imam Moussa Ndiaye. En revanche, la Mauritanie a déjà pris des mesures à ce sujet avec un décret présidentiel datant de janvier 2023. Nous exhortons le gouvernement sénégalais à suivre cette voie, peut-être pas de la même manière, mais en collaboration avec la CIFOD, qui est la meilleure structure pour optimiser les ressources humaines dans ce domaine. Bien qu’il y ait de nombreuses organisations islamiques au Sénégal, mais on attend souvent de la ZAKAT venant de l’étranger, alors que les musulmans sénégalais pourraient prendre en main le processus de collecte et de distribution aux catégories de personnes éligibles », a ajouté Imam Touré.
Le professeur Djibril Seck, Président de la Commission Pédagogique du Centre Islamique pour la Formation et la Documentation, a fait un point sur la fonction du CIFOD ainsi que sur la sélection du thème. « Depuis sa création en 2015, le CIFOD est aujourd’hui à sa 28e session. Nous proposons des formations de trois mois, et tous les six mois, nous tenons une conférence sur un thème particulier. L’objectif du CIFOD est d’enseigner aux adultes la lecture du Coran en trois mois avec une séance par semaine. Après l’initiation, nous offrons d’autres modules, comme le perfectionnement de la lecture coranique, l’apprentissage des règles de la jurisprudence islamique et la mémorisation de sourates à chaque niveau, ainsi qu’un module sur l’exégèse du Coran. Actuellement, le CIFOD compte plus de 7000 apprenants, dont 5000 en présentiel et plus de 2000 en ligne. La zakat est également une thématique que nous abordons en classe, et de nombreuses questions ont émergé à ce sujet. Avec le comité scientifique, le CIFOD se prépare à devenir une structure de collecte et de distribution de zakat avec l’implication de toutes les parties concernées », avance le Professeur Djibril Seck.
À l’issue de la conférence, 200 apprenants ayant terminé leur premier cycle ont reçu leurs diplômes.
Samba Ndoye