La situation est plus complexe qu’il n’y paraît. Suite à la nomination de M. Samba Ndiaye au poste de Président du Conseil d’Administration de la SNHLM, les militants et sympathisants du parti Pastef se sont rapidement mobilisés pour s’y opposer, rappelant que M. Ndiaye appartenait autrefois au camp opposé. Plusieurs vidéos circulent montrant M. Ndiaye critiquer ouvertement et sans retenue le leader du Pastef, le Président Ousmane Sonko. Ses critiques acerbes d’antan expliquent l’agitation actuelle.
En réponse à cette indignation, le Président du Pastef a rassuré ses alliés en déclarant « je rappelle la position historique de notre parti : il reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet et soucieux de son succès. En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse d’une responsabilité publique, ou ayant fait montre d’un zèle excessif dans l’inimitié contre le parti, ses leaders ou ses membres », ajoutant que « des mesures correctives appropriées seront prises au plus vite ».
Il est utile de rappeler que l’article 44 de la Constitution confère au Président de la République le pouvoir discrétionnaire de nommer aux emplois civils, mais aussi de démettre ceux dont il ne trouve plus l’efficacité dans sa ligne de gouvernance. Il urge pour tout acteur politique ou autorité de la République de faire preuve de respect de ses prérogatives liées à la fonction présidentielle.
Lors de son intervention du 25 octobre 2024, le Président de la République a rappelé qu’il est le président de tous les sénégalais, sans distinction politique. Dans son message, il a appelé au pardon et à la réconciliation pour bâtir ensemble un Sénégal diversifié et respectueux de chacun. Concernant la nomination de M. Samba Ndiaye, il a maintenu sa décision, tout en reconnaissant et respectant les opinions divergentes, conformément aux valeurs démocratiques.
La position du Président de la République dans cette situation est, convenons-en, salutaire. Alors, que lui demander de plus ? Le Président devrait-il systématiquement démettre un collaborateur dès que la base exprime son mécontentement ?
J’invite les militants et sympathisants à faire preuve de retenue et de responsabilité. Ne mettons pas notre Président dans une position inconfortable. Il est regrettable de constater qu’à l’approche de chaque élection, des coalitions se forment avec des partis divers, chacun mobilisant ses militants et ressources. Cependant, il est déloyal de laisser croire aux alliés qu’ils pourraient prendre part à la gouvernance du pays une fois la victoire acquise.
Cette situation soulève également une question importante sur la transhumance politique. Que faire des maires qui soutenaient autrefois Macky Sall et qui ont récemment rallié le Pastef ? Quelle serait leur position en cas de victoire ?
La « jurisprudence Samba Ndiaye » pourrait bien se reproduire.
La sincérité exigerait de refuser le ralliement de tout opposant, en gardant un cap clair et en se concentrant sur le projet que les sénégalais ont soutenu.
Pour éviter tout quiproquo, lancer un appel à candidatures pour les postes hautement stratégiques serait une solution efficace. Le cas échéant, les principes énoncés dès le préambule de la Constitution en formeraient les fondements, notamment celui garantissant « l’accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l’exercice du pouvoir à tous les niveaux ».
En conclusion, je proposerais, en plus d’une enquête de moralité, que les services de renseignement soient davantage impliqués dans le processus de nomination pour garantir une évaluation complète et précise du profil des personnes proposées. La dignité est un bien précieux qu’il faut toujours préserver, car rien en ce monde ne justifie de la sacrifier. « Bathie, présentez votre démission pour faciliter les choses ; il faut savoir lire entre les lignes. »
Elhadji Momar Talla Fall, Juriste-conseil, Expert en RH, sympathisant du Pastef